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Stranger greenwashing

Pour Climax, le débunking des annonces écologiques de Netflix :

Seaspiracy, David Attenborough : une vie sur notre planète, La Sagesse de la pieuvre… Avec ses documentaires qui nous alertent sur la destruction du vivant, Netflix s’est positionné sur le créneau de l’entreprise moderne et écoresponsable dont les engagements pour l’environnement sont au moins aussi importants que son nombre d’abonnés. Seulement, pour incarner pleinement cette mission, il fallait que la boîte de Reed Hastings commence déjà par aligner ses actes avec son positionnement marketing. C’est désormais chose faite avec son plan « Net zero + Nature », propulsé en mars dernier par une vidéo qui n’aurait rien à envier aux bandes-annonces spectaculaires des programmes du géant américain, annoncé en grande fanfare par la « sustainability officer » Emma Stewart.

D’abord l’ambition, aussi alléchante et ambitieuse que l’adaptation prochaine du Problème à trois corps : « Netflix s’engage à atteindre l’objectif Net Zéro carbone d’ici la fin de l’année 2022 ». Sacré plan à accomplir en à peine… un an ! Il est constitué de 3 mesures : (1) réduire de 45% les émissions de CO2 d’ici 2030, (2) investir dans des projets existants de captation de C02 et enfin (3) investir dans des projets qui « régénèrent des écosystèmes naturels essentiels pour la captation de CO2 ». Et c’est là où le bât blesse : les efforts sur la réduction (1), soit la seule action vraiment efficace et mesurable par rapport aux projets de compensation (2 et 3), ne portent que sur 5% des émissions totales de Netflix (!). L’ancien loueur de DVD exclut notamment les émissions liées aux datacenters du groupe, ou celles des partenaires pour la production des contenus. Pratique ! Et une définition du Scope 3 très très large… Au total pour 2019, Netflix a émis 1 313 016 tonnes de CO2. Et son objectif de réduction ne porte que sur 78 081 tonnes de CO2 (les Scope 1 et 2). Un bel effet de manche donc, et surtout un écran de fumée en veux-tu en voilà !

Autre point à souligner, Netflix ne prend pas non plus en compte les émissions liées à la fabrication et à l’usage des terminaux numériques nécessaires au visionnage de ses programmes. Il s’en explique en déclarant que l’entreprise manque de données à ce sujet. Faute avouée à moitié pardonnée ? À vous de juger. Rappel tout de même des ordres de grandeur : une heure de streaming Netflix émet 100geCO2 (400 mètres en voiture thermique), et comme le nombre d’abonnés ne cesse d’augmenter, cette pollution invisible ne cesse elle aussi d’augmenter. Alors certes, l’étude de l’impact environnemental du numérique n’en est qu’à ses débuts et toute stratégie de baisse des émissions est évidemment bienvenue… À condition pour Netflix de muscler autant ses objectifs que son marketing ? Chiche !

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