Pour Climax, une mini-enquête sur les affaires d’Orant (ex-Areva) au Niger :
Quand à la fin des années 60, les industriels français viennent voir l’État et les chefs traditionnels du Niger pour leur soumettre leur volonté d’exploiter l’uranium de la région, ils leur vendent le rêve de faire de la ville d’Arlit un « deuxième Paris ». Pourtant, 50 ans plus tard, le bilan est désastreux. En effet, si la production a été faramineuse (75 000 tonnes d’uranium, principalement pour que la France puisse se gargariser d’un « mix électrique décarboné »), il en est de même pour la quantité astronomique de déchets radioactifs (des dizaines de millions de tonnes), déposés à ciel ouvert à quelques kilomètres de la ville. Voilà pourtant des années que les locaux se plaignent, voire même se révoltent contre la filiale nigérienne du groupe français Orano (ex-Areva), qui pollue, créé des pénuries d’eau potable (quand celle-ci n’est pas contaminée par la radioactivité), tout ça avec des retombées économiques jugées largement insuffisantes pour les habitants de la région.
Le 31 mars dernier, la mine de Cominak ferme finalement ses portes, les ressources étant désormais épuisées. De son côté, le fleuron français s’engage pour une « fermeture responsable » et a lancé un grand plan de « réaménagement » du site, avec une jolie vidéo promo à l’appui pleine de bons sentiments et d’éléments de langage fleuris (« dignité », « courage »…) qui cachent évidemment un fiasco environnemental sans appel. En gros : à Arlit, la radioactivité a tout contaminé, des poumons des habitants jusqu’au fer utilisé pour forger des ustensiles de cuisine, en passant par les tempêtes de sable et l’argile des murs des maisons. « Tout ce qu’on nous laisse, c’est la radioactivité », constate, amer, un jeune nigérien interviewé dans le documentaire La colère dans le vent. Vous avez dit « externalités négatives » ? Comme l’a d’ailleurs très justement remarqué la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), il y a un grand absent du dernier rapport de la Cominak : les déchets radioactifs. Alors que dans l’Hexagone, la controverse concernant leur gestion continue, au Niger, Orano met la poussière (radioactive) sous le tapis. Ni vu ni connu ?
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